Vingt représentant(e)s venu(e)s de dix organisations syndicales d’Amérique latine, d’Europe, des Etats-Unis, du Canada et des Caraïbes ont participé à une mission politique organisée par l’IE en Haïti, du 15 au 17 janvier. Cette mission visait à appuyer la Campagne pour une éducation publique de qualité pour tou(te)s, campagne mise en œuvre conjointement par la Confédération nationale des éducatrices et éducateurs d’Haïti (CNEH), affilié à l’Internationale de l’Education (IE), et quatre autres grandes organisations syndicales d’enseignant(e)s haïtien(ne)s.
Reconstruction et développement d’Haïti via une éducation de qualité accessible à tou(te)s
La Secrétaire générale adjointe de l’IE, Haldis Holst, a souligné que les membres de la délégation internationale sont venus en Haïti afin de rappeler aux dirigeant(e)s haïtien(ne)s leur obligation de faire de l’éducation leur grande priorité, car la reconstruction et le développement d’Haïti ne pourront se faire que sur la base d’une éducation de qualité accessible à tou(te)s.
Pour l’IE, cela passe nécessairement par une formation des maîtres adéquate et un programme de recrutement efficace, par la reconnaissance des droits syndicaux des enseignant(e)s et par la mise en place d’un comité de vigilance multipartite chargé de surveiller la mise en œuvre du Plan opérationnel 2010-2015 du gouvernement haïtien, plan dont la réalisation est évaluée à plus de quatre milliards de dollars américains.
Pour un système d’éducation public financé par l’Etat
La mission d’observation a rencontré le Ministre de l’Education nationale d’Haïti, Pierre Vanneur. La Secrétaire générale de la CNEH, Lourdes Edith Joseph Delouis, lui a déclaré: « Cet appui de l’IE à notre Campagne pour une éducation publique de qualité pour toutes et pour tous s’avère un point tournant dans la poursuite de nos efforts afin que le système d’éducation en Haïti cesse d’être très majoritairement un système privé et devienne un système public financé par l’Etat et accessible au plus grand nombre. »
Cet appui à un système d’éducation publique est crucial en Haïti, car 85 pour cent des élèves fréquentent une école privée. Le Ministre de l’Education nationale, qui a d’ailleurs lui-même participé activement à la rédaction du Plan organisationnel, s’est montré ouvert à un meilleur dialogue avec les organisations syndicales: « Pour mon gouvernement, les syndicats sont des partenaires à part entière qui doivent être forts et structurés. Il me fait plaisir de travailler avec eux. Ensemble, on va faire la route. On va travailler avec tout le monde afin de doter Haïti d’un système d’éducation qui soit véritablement national. »
Une éducation de qualité pour réaliser les Objectifs du millénaire pour le développement
Toutefois, comme l’a expliqué Luc Allaire de la Centrale des syndicats du Québec, un affilié canadien de l’IE, les membres de la délégation internationale se sont montrés fort préoccupé(e)s par l’absence de volonté politique du gouvernement haïtien de créer un véritable système d’éducation publique en Haïti, seule garantie de réaliser les Objectifs du millénaire en matière éducative, notamment d’offrir une éducation de qualité pour tous les enfants.
Lors de la conférence de presse de clôture de la mission, le 17 janvier, la Secrétaire générale adjointe de l’IE, Haldis Holst, s’est dite très satisfaite de ce qu’a pu accomplir la mission d’observation: « Nous avons eu des rencontres avec le Ministre de l’Education et quelques représentants du Gouvernement, dont le Président du Parlement et le Président de la Commission des finances du Sénat. Ils ont écouté nos demandes en faveur de l’éducation pour tous. »
« Nous leur avons dit que maintenant, il était temps de passer à l’étape de la réalisation d’un système d’éducation qui rejoigne tous les enfants, qui soit de qualité et contrôlé par l’Etat, a-t-elle ajouté. Enfin, nous avons initié un dialogue avec le gouvernement. Nous souhaitons que ce dialogue s’institutionnalise avec les organisations syndicales haïtiennes. »
En conclusion, le Président de la Carribean Union of Teachers, Marvin Andall, a donné son appui aux syndicats haïtiens de l’éducation et rappelé que les autres pays des Caraïbes avaient eux aussi connu un système d’éducation principalement privé qui avait été développé par les congrégations religieuses. « Si nous avons pu développer un système d’éducation public, Haïti aussi peut le faire », a-t-il assuré.