Le Gouvernement et le syndicat local de l’éducation ciblent leur action sur la pénurie d’enseignant(e)s touchant plus de 250 écoles à Zanzibar. Pour les deux parties, l’enjeu fondamental consiste à déterminer comment le Zanzibar peut former, recruter et retenir les enseignant(e)s à leurs postes.
Les conditions de travail, y compris les conditions d’enseignement professionnel, sont pour beaucoup dans le choix des enseignant(e)s de quitter leur poste dans un établissement ou un district donné, voire de quitter complètement la profession.
« Le ZATU, seul syndicat de l’enseignement sur l’archipel, est à l’origine de plusieurs efforts destinés à remédier au problème des enseignants qualifiés dans le pays », a déclaré le Secrétaire général du ZATU Mussa Omar Tafurwa. « Ces efforts incluent le programme de développement professionnel des enseignants au travers duquel le ZATU soutient ses membres dans l’acquisition de qualifications en vue d’intégrer un établissement de formation pour enseignant(e)s. Pour ce faire une aide financière est proposée dans le cadre des examens nationaux de fin d’études secondaires (O Level et A Level). »
Des lacunes dans les établissements du premier et second degré
La pénurie d’enseignant(e)s à Zanzibar affecte essentiellement les établissements du premier et du second degré, où elle est la cause première de la mauvaise performance des élèves, suscitant une progression du soutien scolaire payant. Les mesures adoptées par le gouvernement afin de remédier au problème incluent de recourir aux services de volontaires étrangers, motiver les enseignant(e)s en améliorant leurs conditions de vie et investir davantage dans la profession enseignante afin d’augmenter le nombre de professeurs qualifiés.
Parents et élèves s’étaient plaints de l’insuffisance des mesures initiées dans le but d’assurer la présence d’un effectif adéquat d’enseignant(e)s qualifié(e)s dans les établissements scolaires. La présence d’enseignant(e)s de qualité est décisive, et la pénurie de professeurs hautement qualifiés est un problème pour les élèves. Des enseignant(e)s, des élèves et des membres de la Chambre des représentants de Zanzibar ont également formulé un certain nombre de griefs qui ont amené le gouvernement à redoubler d’efforts afin de trouver suffisamment d’enseignant(e)s qualifié(e)s pour chaque classe. Le taux d’encadrement moyen à Zanzibar est d’un(e) enseignant(e) pour 70 élèves, soit près de trois fois supérieur à la norme officielle.
De meilleures conditions de vie et de travail s’imposent
Les bon(ne)s enseignant(e)s quittent Zanzibar pour rejoindre la Tanzanie continentale et même s’aventurer au-delà encore en quête de meilleures conditions de vie et de travail. La pénurie est telle que le gouvernement a été contraint de recruter des enseignant(e)s retraité(e)s à titre de mesure complémentaire destinée à réduire l’ampleur de ce problème de pénurie dans les écoles.
L’action du gouvernement
Le Ministre de l’Education et de la Formation professionnelle Ali Juma Shamuhuna, ainsi que le Ministre du Service civil et de la bonne gouvernance, Haji Omar Kheri, ont promis à plusieurs occasions déjà que le gouvernement de Zanzibar emploierait 1000 enseignant(e)s des écoles publiques en 2012-13, en donnant la priorité aux enseignant(e)s des matières scientifiques.
« Le but premier est de parvenir à un secteur de l’éducation où évoluent d’excellents étudiants ainsi que des enseignants de qualité. Nos formateurs seront formés par des enseignant(e)s en provenance de l’étranger. Nous cherchons également à nous procurer des ouvrages scientifiques ainsi qu’un équipement de travail de base », a déclaré Zahra Ali Hamad, Ministre adjointe de l’Education et de la Formation professionnelle.
« Nous encourageons les enseignant(e)s et les élèves à choisir des matières scientifiques et le Ministère a donné la priorité aux élèves qui étudient ces matières », a précisé Shamuhuna.
Si les ministres prétendent que la pénurie est particulièrement sévère dans les domaines des sciences et des mathématiques, nombre de responsables d’établissements soutiennent néanmoins que d’autres disciplines littéraires sont également concernées.
Les conditions de travail sont très disparates entre les enseignant(e)s des écoles où les ressources financières sont confortables, et celles et ceux des établissements moins bien nantis. Les enseignant(e)s de communautés plus favorisées travaillent dans des conditions nettement plus favorables (avec des classes de taille moindre, notamment) et ils/elles exercent un contrôle plus marqué sur le processus décisionnel au sein de leurs établissements.
Stratégie du ZATU
La stratégie de soutien aux enseignants adoptée par le ZATU afin d’aider ces derniers à obtenir leurs examens de fin d’études secondaires répond à un objectif de recrutement d’enseignant(e)s qualifié(e)s. Pour beaucoup, y compris pour le gouvernement, le rôle du syndicat est d’élever le niveau de qualification des enseignant(e)s. La Conférence des délégués du ZATU s’est opposée à la clôture du programme de mise à niveau assuré par le syndicat et celui-ci se sert des cotisations pour financer ce programme auparavant soutenu par le DLF, un affilié danois de l’IE.
Le syndicat plaide lui aussi en faveur de meilleures conditions de travail et il appuie, par l’intermédiaire des membres de la Commission permanente de la Chambre des représentants en charge du budget de l’éducation, des investissements publics suffisants afin de financer l’éducation. « Par ailleurs, le syndicat lutte encore pour défendre le droit de négociation collective, qui n’est toujours pas respecté sur l’archipel », a ajouté Tafurwa.
IE: La responsabilité du gouvernement
« L’IE recommande vivement au gouvernement de Zanzibar de reconnaître la responsabilité de mise à niveau des enseignant(e)s qui est la sienne », a déclaré le Coordinateur régional de l’IE Richard Etonu. « Assumant l’entière responsabilité de leur formation, le gouvernement se doit de soutenir les efforts du ZATU. »
Il a poursuivi en déplorant le fait que « le nombre d’enseignants non qualifiés demeure élevé à Zanzibar et beaucoup d’enseignants en poste dans des écoles doivent lutter pour obtenir des diplômes du second degré. Sans une amélioration des conditions de vie et de travail de ces personnes, il sera impossible pour le Zanzibar de s’extraire de cette situation de pénurie dès lors que la profession continuera à manquer d’attrait. »