Les deux principaux affiliés de l'IE au Royaume-Uni, la National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers(NASUWT) et le National Union of Teachers(NUT), ont vivement réagi au projet du Premier ministre britannique, visant à ouvrir 100 écoles libres (free schools) supplémentaires dans le pays dès l'année prochaine.
« L'ouverture d'écoles libres se fait au détriment des écoles voisines puisque ce sont leurs budgets, déjà restreints, qui seront sabrés afin de permettre leur financement », a déclaré Chris Keates, Secrétaire générale de la NASUWT.
L'Education pour Tous menacée
Selon elle, les écoles libres ne sont pas indispensables pour que l'éducation de tous les enfants et tous les jeunes soit dispensée par un enseignant qualifié.
Chris Keates a également souligné que bien souvent, les programmes scolaires de ces écoles sont élaborés en fonction des préférences personnelles de leurs soutiens financiers, et ne sont ainsi pas suffisamment étendus et équilibrés pour répondre aux besoin de tous les enfants et de tous les jeunes. Elle a en outre fait remarquer que les écoles libres ne sont même pas tenues de justifier d'inscriptions d'élèves avant l'ouverture et que l'argent des contribuables ne soit engagé.
« Rien ne prouve que les écoles libres améliorent la qualité de l'apprentissage. Aucun enfant ni aucun jeune ne mérite de servir de cobaye dans le cadre d'une expérience idéologique », a-t-elle ajouté.
Démantèlement du système
De plus, selon Christine Blower, la Secrétaire générale du NUT, « rien ne justifie le démantèlement systématique du système éducatif britannique auquel nous assistons actuellement. Nous ne pouvons laisser quelque chose d'aussi essentiel que l'éducation gratuite et équitable pour tous, nous échapper sans rien dire. Les conséquences en seraient particulièrement désastreuses, voire impossibles à gérer. » Les autorités locales sont les mieux placées pour évaluer et faire face à la pénurie de places dans les écoles, a-t-elle ajouté. Ce sont elles qui devraient se voir affecter ressources nécessaires pour répondre à ce problème, et non des prestataires irresponsables d'écoles libres.
« Alors que les écoles manquent cruellement de financement, des fonds sont pourtant alloués à des établissements qui accueilleront un nombre très limité d'élèves », a souligné Christine Blower.
« Tout Ministre de l'Education ou Premier ministre qui se soucie réellement de l'éducation de tous nos enfants, veillerait à ce que les écoles déjà existantes disposent de structures adaptées et des ressources nécessaires pour répondre aux normes les plus élevées en matière d'enseignement et ce, pour tous nos enfants et pas seulement pour une minorité. »
Une évaluation nécessaire des écoles libres
Le NUT continuera de demander l'ouverture d'une enquête publique pour ce projet et exige que le ministre publie des évaluations sur l'impact de toutes les écoles libres qu'il a approuvées à ce jour. « Il s'agit d'un gaspillage éhonté des fonds publics » a-t-elle conclu.
L'IE est engagée dans l’accomplissement d’une éducation de qualité pour tous au moyen de systèmes d’éducation financés et réglementés publiquement.
Selon la Présidente de l'IE Susan Hopgood, « les attaques à l'encontre de la qualité de l’éducation publique sont utilisées par ceux qui cherchent à promouvoir la privatisation de l’éducation publique afin de diminuer la confiance du public dans l’éducation publique et de justifier les diminutions des investissements publics. L’utilisation croissante des partenariats public-privé dans le secteur de l'éducation publique peut avoir des conséquences négatives en regard de l'accès, du contrôle démocratique et de la qualité de l’éducation publique. »
Non à la commercialisation de l'éducation
« Les partenariats public-privé peuvent être attrayants s’ils sont initiés pour ajouter des moyens nouveaux aux ressources financières publiques insuffisantes ou inexistantes, et s'ils sont définis dans le cadre d'objectifs éducatifs précis. Cependant, les partenariats public-privé comportent parallèlement le risque de faire baisser les investissements gouvernementaux dans les services publics d'éducation et risquent de promouvoir la privatisation et la commercialisation de l'éducation », a ajouté Susan Hopgood.
« J'exhorte le gouvernement britannique de consulter les partenaires sociaux lorsqu'il est susceptible de recourir aux partenariats public-privé dans le secteur de l'éducation publique. », a-t-elle déclaré.
La résolution sur une éducation de qualité: présent et futur, adoptée lors du 5e Congrès mondial de l'IE, qui s'est tenu à Berlin, en Allemagne, en juillet 2007, affirme « que l'offre d'une éducation publique est de la responsabilité des autorités publiques, qui sont responsables envers la communauté par le biais de structures démocratiques de gouvernance et qui les mandate pour déterminer les politiques et les principes en matière d'éducation ainsi que le cadre réglementaire au sein duquel les institutions éducatives doivent fonctionner ».
Elle déplore que de nombreuses institutions internationales souhaitent étendre la privatisation aux secteurs sociaux, notamment ceux de la santé et de l'éducation, et augmentent la pression en faveur du retrait de l'Etat et des réductions des budgets publics.
L'enseignement public a besoin d'investissements importants
La résolution rappelle en outre que l'IE a systématiquement œuvré en faveur de l'allocation de budgets publics pour l'éducation, représentant au moins six pour cent du produit national brut (PNB).
Elle souligne enfin qu’il existe un nombre très élevé d’études comparatives menées sur les résultats des élèves dans les systèmes d’éducation publics et privés et qu’il n’existe aucune évidence soutenant l’opinion selon laquelle les résultats des élèves du système privé seraient meilleurs que ceux des élèves du système public, si l’on tient compte de l’origine socio-économique des élèves et du caractère sélectif du système privé d’éducation.