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Internationale de l'Education
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Les syndicalistes européens luttent pour l’égalité en période de crise

Publié 26 mars 2012 Mis à jour 5 avril 2012
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La région européenne de l’IE, le Comité syndical européen de l’éducation (CSEE) a tenu son Comité permanent pour l’égalité le 26 mars à Bruxelles, en Belgique. Les syndicalistes enseignants ont réaffirmé l’importance de l’égalité dans les syndicats, l’éducation et la société, afin d’améliorer les opportunités pour une reprise économique durable et socialement juste.

Lors de son introduction, la Présidente du Comité permanent pour l’égalité, Kounka Damianova, a déclaré: « L’égalité est importante. L’égalité devrait être une qualité prépondérante d’une société progressive. »

Elle a regretté que l’égalité, qui est liée de près à la solidarité, soit de plus en plus mise en danger. Dès lors, les syndicats devraient lutter pour plus d’égalité.

Le Plan d’action de l’IE pour l’égalité des genres

La Coordinatrice senior de l'IE, Dominique Marlet, a présenté le Plan d’action de l’IE pour l’égalité des genres. Elle a expliqué que ce plan se concentre sur trois points principaux: l’égalité pour les femmes dans les syndicats, l’accès et la participation des filles à l’éducation, et l’émancipation économique des femmes.

Après la réussite de la première Conférence mondiale des femmes de l’IE qui a eu lieu en 2011 à Bangkok, Thaïlande, une deuxième conférence mondiale est prévue en 2014, a-t-elle annoncé. « Cela sera une période cruciale, un an avant le prochain Congrès mondial de l’IE à Ottawa, au Canada, et les échéances pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. »

Dominique Marlet a également déclaré que les réseaux de femmes de l’IE dans les différentes régions seront maintenus et renforcés, et un nouveau réseau de femmes sera bientôt établi dans les pays arabes.

S’attaquer aux stéréotypes de genre

La coordinatrice politique du CSEE, Susan Flocken, a également détaillé le projet de son organisation relatif aux actions syndicales pour s’attaquer aux stéréotypes de genre et à la ségrégation entre les sexes sur le marché du travail. Ce projet financé par l’Union européenne a débuté en novembre 2011 et se clôturera en octobre 2012. Il examine le lien entre les stéréotypes de genre dans l’éducation et la ségrégation entre les sexes sur le marché du travail.

« Cette question est clairement liée aux autres en termes d’égalité des genres, comme à celle de la participation des femmes sur le marché du travail, de la législation relative à ce sujet, du fait d’imposer la dimension de genre dans l’enseignement et la formation adéquate des enseignants, » a souligné Susan Flocken. « Nous devons provoquer un changement dans les futurs choix de carrière des étudiants en fournissant aux enseignants et à leurs syndicats les outils nécessaires pour promouvoir une approche prenant en compte la dimension de genre dans l’éducation et la société dans son ensemble. »

Elle a également mentionné l’aspect de genre du projet du CSEE sur la violence émanant de tiers dans les écoles et l’éducation en général. Elle a invité les participants à s’assurer que leur organisation envoie leur contribution à une enquête menée dans le cadre de ce projet avant le 16 avril.

Une discussion en groupe sur deux présentations a eu lieu.

La première présentation était de Mario Soares, membre du Comité économique et social européen. Il a abordé l’impact de la crise économique sur le discours politique en matière d’égalité et de cohésion sociale.

Il a condamné le phénomène de la « pauvreté au travail », qui touche au moins 18 millions de travailleurs/euses en Europe et a mentionné les conséquences suivantes de la crise pour l’éducation: réduction des budgets et augmentation du taux d’abandon scolaire.

L’éducation, une solution pour la reprise économique

« En période de crise économique, les syndicats doivent réaffirmer que l’éducation est un droit humain fondamental et un bien public, qui doit être garanti pour tous, sans aucune discrimination », a-t-il déclaré.

« Les investissements dans l’éducation ne doivent pas être considérés comme une charge pour le budget national, mais comme une solution pour que la reprise économique se déroule dans les meilleures conditions possibles. Nous pouvons ressortir de la crise économique plus forts qu’avant grâce à l’éducation. »

Mario Soares a affirmé que l’acquisition des connaissances de base ne donne pas aux élèves qu'une meilleure capacité d’adaptation, mais leur permet également de comprendre les changements actuels.

« En période de crise économique, les personnes qui se battent pour l’égalité ont le devoir de s’opposer à toute forme d’inégalité de manière encore plus ferme », a-t-il ajouté.

La deuxième intervenante principale, la Secrétaire confédérale de la Confédération européenne des syndicats (CES), Claudia Menne, a abordé les stratégies des syndicats pour obtenir davantage d’égalité dans ce climat économique en pleine évolution.

« La situation en Europe est inquiétante et une crise politique frappe également l’UE », a-t-elle déclaré. « Le concept d’Europe représentait auparavant une garantie de progrès et de cohésion sociale. Cela n’est plus le cas de nos jours, c’est plutôt le contraire. »

Elle a fait savoir que la CES s’opposait aux mesures d’austérité et au pacte budgétaire, qu’elle promouvait un nouveau deal pour l’Europe afin de créer des emplois, impliquer la population et respecter les partenaires sociaux.

« Les syndicats peuvent appeler à la grève et à manifester dans la rue, mais nous devons revenir à la table des négociations » a-t-elle dit. « C’est pourquoi la CES coordonne désormais la négociation collective. Avons-nous besoin du dialogue social tripartite ou de négociations autonomes entre employeurs et travailleurs ? La CES ne peut pas fournir une simple réponse, en raison des situations nationales différentes. »

Claudia Menne a également regretté que les retraites soient désormais uniquement considérées comme un facteur économique et une charge pour les budgets de l’Etat. Elle a répété qu’un modèle social européen doit être restructuré et que les syndicats doivent avoir leur mot à dire sur la question.

Les inquiétudes de la CES à propos de l’emploi des jeunes

« En ce qui concerne les inégalités en matière d’emploi, je suis inquiète du taux de chômage des jeunes », a-t-elle ajouté. « Il est particulièrement difficile pour les jeunes d’entrer sur le marché du travail. Nous devons exiger que les réductions de dépenses publiques ne concernent pas l’éducation, car sinon, nous créerons une “génération perdue” non adaptée aux conditions du marché. »

Elle a noté une discrimination croissante envers les personnes invalides en matière d’opportunités professionnelles et envers les travailleurs(euses) homosexuel(le)s sur le lieu de travail. Sur la question des discriminations, la CES travaille de près avec EQUINET, le réseau européen des orgnismes en charge de l'égalité.

Le Directeur du CSEE, Martin Rømer, a ensuite présenté le cadre d’action du CSEE contre la crise économique.

Il a mentionné que le CSEE a réalisé une enquête sur l’impact de la crise dans l’éducation, et que les membres du Comité du CSEE rencontreront des parlementaires européens le 28 mars pour discuter de cette question.

Des budgets de l’éducation pas réduits, mais augmentés

« Nous devons comprendre que la situation entre l’Europe méridionale et septentrionale, ainsi qu’entre l’Europe occidentale et orientale n’est pas la même. Mais les dépenses relatives à l’éducation doivent être protégées partout, et même augmentées si possible. »

Martin Rømer a condamné le fait que moins de deux pour cent du produit intérieur brut grec soit consacré à l’éducation. « La plupart des pays africains investissent davantage dans l’éducation que la Grèce », a-t-il noté.

« Les syndicats de l’éducation sont obligés de lutter contre la xénophobie croissante et de protéger les jeunes de la crise économique », a-t-il reconnu.

Les participants se sont ensuite divisés en quatre groupes séparés et ont discuté des thèmes suivants: l’équilibre entre les genres dans les structures et événements syndicaux, l’accès à une éducation publique de qualité, les réductions dues à la crise touchant les programmes spéciaux, les conditions de travail et l’émancipation économique des enseignantes, ainsi que les besoins professionnels des enseignant(e)s travaillant avec les minorités.