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Internationale de l'Education
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France: Les syndicats de l’éducation s’opposent au plan d’évaluation des enseignant(e)s proposé par le gouvernement

Publié 15 décembre 2011 Mis à jour 19 décembre 2011
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Un front syndical commun de l’éducation, rejoint par la plupart des affiliés français de l’IE, a appelé à une grève le 15 décembre. Les éducateurs/trices) protestent contre un plan gouvernemental dont le but est de soumettre l’évaluation et l’avancement des enseignant(e)s à la seule discrétion des chefs d’établissement.

Les enseignant(e)s craignent que la réforme, si elle est instaurée, mène à un système discrétionnaire puisqu’elle supprime l’évaluation opérée par le service indépendant d’inspection générale de l’éducation, conférant aux seuls chefs d’établissement la responsabilité de l’évaluation des éducateurs/trices). Dans le système actuel d’évaluation, les inspecteurs/trices) de l’éducation sont des agents spécialisés qui évaluent leurs pairs dans une même discipline sur la base des programmes suivis et des méthodes pédagogiques appliquées, et qui décident de leur avancement et de l’évolution de leur salaire.

Le syndicat SNES-FSU estime que « les chefs d’établissements, par leur recrutement, par leur formation, n’ont pas les compétences pour pouvoir évaluer les contenus d’enseignement. Ils n’ont pas non plus les compétences pour apprécier les choix pédagogiques et les choix didactiques des enseignants, autant d’éléments étroitement liés aux contenus disciplinaires. »

Le syndicat a ajouté que ce plan de réforme «signifie que ce qui se passe en classe n’est plus, aux yeux du ministre, la mission principale des enseignants, ce qui est vécu par ces derniers comme une marque de mépris à l’égard de leur métier. Il préfère de fait les inciter à se concentrer sur la périphérie de nos métiers, certes importante, mais qui ne constitue pas le cœur de l’activité enseignante. »

L’UNSA-Education, autre affilié français de l’IE, a également exhorté le ministère de l’Éducation à se lancer dans une « négociation réelle et approfondie ».

Il a insisté sur le fait qu’ « une ‘fuite’ a révélé l’existence d’un projet de décret et d’un projet d’arrêté modifiant fondamentalement non seulement les modalités d’évaluation des personnels enseignants, d’éducation et d’orientation, mais encore la gestion de leur déroulement de carrière. Un changement aussi important ne peut être décidé sans négociations réelles, notamment sur les garanties individuelles et collectives que les personnels sont en droit d’attendre. ». Il a ajouté: « L’évaluation serait effectuée par le supérieur immédiat sans, dans le second degré, le nécessaire ‘regard croisé’ des corps d’inspection pédagogique ».Martin Rømer, Directeur européen de l’IE, a appelé les autorités nationales à « initier des négociations immédiates avec les fédérations syndicales sur le thème de l’évaluation des enseignantes et des enseignants, afin de mettre en œuvre des méthodes claires et démocratiques dans le domaine de l’évaluation et de l’avancement. »

En précisant par ailleurs que « toute évaluation de la qualité de l’éducation menée par une institution éducative publique ne doit pas seulement se baser sur les niveaux de réussite des étudiants, mais prendre aussi en considération plusieurs facteurs, liés au contexte de l’école ou de la classe », il a fait part d’une certaine inquiétude quant au fait que « les systèmes d’évaluation sont susceptibles de devenir un outil politique et économique permettant de promouvoir la privatisation: des agences privées d’évaluation utilisent des instruments d’évaluation inappropriés, conçus pour être utilisés dans les entreprises et non dans les écoles ».