Selon les résultats d'une enquête menée par le syndicat d'enseignants ATL (Angleterre), bon nombre d'élèves vivant dans la pauvreté se rendent à l'école la faim au ventre, fatigués et en haillons.
Parmi les 627 enseignants d'écoles primaires, secondaires et supérieures en Angleterre, au Pays de Galle et en Irlande du Nord ayant répondu à l'enquête, les trois quarts pensent qu’ils donnent cours à des élèves vivant dans la pauvreté. Quarante pour cent ont constaté une recrudescence de ce problème depuis la récession.
Plus de 85% des enseignants ayant participé à l'enquête sont d’avis que la pauvreté a un impact négatif sur le bien-être de leurs élèves.
Parmi eux, 80% déclarent que les élèves arrivent à l'école fatigués, 73% les disent sous-alimentés et 67% ont remarqué des vêtements usés ou des uniformes non conformes.
71% des répondants ont indiqué que les élèves vivant dans la pauvreté manquent de confiance en eux et 65% ont déclaré qu'ils ne participent pas aux activités extra-scolaires comme la musique, le sport ou les sorties au cinéma.
En tout, 80% des enseignants interrogés pensent que la pauvreté a un impact négatif sur les résultats des élèves: baisse des performances, absence d'un endroit calme pour étudier à la maison, impossibilité de se concentrer et manque d'accès à un ordinateur ou à Internet.
« Chaque jour, je remarque un nouvel enfant qui souffre de la pauvreté. Aujourd'hui, j'ai dû contacter des parents: leur enfant présente une infection des orteils car ses pieds sont compressés dans des chaussures bien trop petites. » C'est ce qu'a déclaré aux chercheurs un assistant d'une école secondaire des Midlands de l'Ouest.
Un enseignant d'une classe de sixième secondaire à Nottingham a indiqué que l'un des ses élèves « n'avait pas mangé depuis trois jours car sa maman n'avait plus d’argent jusqu'à la paye suivante ». Un autre enseignant a quant à lui indiqué que l'un de ses élèves ne portait pas de sous-vêtements, ce qui a déclenché des moqueries dans les vestiaires lors du cours d'éducation physique.
Anne Pegum, enseignante en formation continue dans le comté de Hertfordshire, a déclaré que « certains étudiants sautent des repas faute de pouvoir les payer et il leur arrive de se sentir mal et de devoir être pris en charge par les secouristes ».
Craig Macartney, un enseignant du secondaire dans le Suffolk, a remarqué qu'un nombre croissant d'enfants provenant de familles aux revenus faibles à moyens ne participent pas à certains voyages scolaires car leur famille lutte pour joindre les deux bouts.
La Secrétaire générale de l'ATL, Mary Bousted, a déclaré qu'il est « affligeant de voir qu'en 2011 autant d'enfants britanniques souffrent d'un tel désavantage et vivent dans des conditions qui les empêchent de réaliser leur potentiel ».
« Quel message notre gouvernement pense-t-il envoyer aux jeunes lorsqu'il réduit le financement des centres Sure Start et celui des bourses d'étude pour les jeunes venant de foyer à bas revenus ou lorsqu'il augmente les droits d'inscription et complique l'apport d'une aide sanitaire et sociale par les autorités locales » ?
Le ministère britannique de l'Education à répondu que le gouvernement tente précisément de « remanier le système social et le système scolaire pour répondre aux problèmes du chômage de longue durée, des ruptures familiales, de la baisse des résultats scolaires et de l'insécurité financière ».
Au début du mois, le gouvernement de coalition conservatrice a publié sa stratégie de lutte contre la pauvreté des enfants, prévoyant que les changements apportés au système permettraient de sortir 350.000 enfants de la pauvreté. Le passage au système de crédit universel doit permettre aux personnes de se sortir elles-mêmes et leurs familles de la pauvreté par le travail. Néanmoins, l' Institute for Fiscal Studies a prédit dès décembre que la révision du système de protection sociale allait faire grimper les chiffres de la pauvreté relative des enfants de 200.000 unités entre 2012 et 2014. Selon les membres de la campagne anti-pauvreté, l'approche du gouvernement est mauvaise, car la plupart des familles vivant dans la pauvreté comptent au moins un membre travaillant à temps plein pour un salaire bas. Ils s'inquiètent également de voir les familles pauvres avec de jeunes enfants souffrir des effets de ces mesures car les conseils devant faire face à des réductions de budget diminuent le financement des initiatives Sure Start.
Le 26 mars, tous les membres britanniques de l'IE comme l'ATL, la NASUWT, la NUT et l'UCU ont participé à une marche nationale contre les réductions du financement des services publics et de l'éducation.
La conférence annuelle de l'ATL se tiendra au BT Convention Centre de Liverpool du 18 au 20 avril.