Denis Burke de la Campagne mondiale contre le SIDA souligne l’importance d’approcher le travail de prévention du VIH/SIDA et les traitements dans une perspective de droits humain
Pourquoi avoir décidé de centrer la campagne de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA 2009 sur l'accès universel et les droits humains ?
Car cela permet de mieux comprendre le lien entre droits humains et SIDA. Nous voulons par là faire comprendre que l'accès universel à la prévention du VIH et du SIDA, aux traitements, aux soins et au soutien, constitue un droit humain fondamental devant faire partie intégrante de notre réponse au VIH/SIDA, que ce soit aujourd'hui ou à l'avenir. La stigmatisation, la discrimination et les lois punitives à l'encontre de ceux qui sont généralement les plus touchés par l'épidémie, tels que les personnes consommant des drogues, les travailleurs du sexe ou les homosexuels, ne facilitent pas les choses.
La crise économique actuelle force les dirigeants à prendre des décisions parfois pénibles. De nombreux programmes de traitement du VIH/SIDA ont déjà été réduits ou fermés pour restrictions budgétaires. Comme l'ont décidé les dirigeants du monde entier lors de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies de 2006, « l'objectif de l'accès universel à des programmes de prévention complets, aux traitements, aux soins de santé et au soutien », devra être atteint en 2010. C'est également en 2010 que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) devront faire l'objet d'une analyse exhaustive de leur évolution et tendances. La Journée mondiale de lutte contre le SIDA est l'occasion de souligner combien l'accès universel est vital.
Ceux qui ont le plus besoin de services liés au VIH sont encore, à l'heure actuelle, ceux qui en bénéficient le moins. La journée « Accès universel et droits humains » permet de mettre en lumière la situation de détresse des personnes les plus touchées par la stigmatisation et la marginalisation. Les approches fondées sur les droits sont renforcées dans d'autres domaines de campagne (on s'intéresse par exemple de plus en plus au droit à l'alimentation), ce qui permet de sensibiliser aux droits humains et à son langage.
Dans le plaidoyer sur le SIDA, quel serait, selon vous, le rôle à jouer par les syndicats et les enseignants ?
La Journée mondiale de lutte contre le SIDA est l'une des journées internationales les plus reconnues sur le thème de la santé. Les enseignants et les syndicats jouent un rôle unique dans la promotion et le soutien des efforts nationaux et internationaux visant à sensibiliser et à éduquer sur le VIH/SIDA, tant au sein qu'à travers le monde de l'éducation.
Il est vital de créer un environnement où les élèves et les enseignants se sentent en confiance et à l'aise pour discuter des problèmes liés au VIH/SIDA. La Journée mondiale de lutte contre le SIDA offre l'occasion unique de souligner combien il est vital de se préserver du VIH/SIDA. Pour cela, nous prévoyons des programmes complets sur les thèmes de la sécurité et de la santé, ainsi qu'un accès facilité à l'information. C'est également une chance tant pour les élèves que pour les éducateurs de lutter non seulement contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH/SIDA, mais également contre la stigmatisation et la discrimination liées aux groupes marginalisés, aux groupes à risque tels que les homosexuels, les travailleurs du sexe, les personnes consommant des drogues ou les migrants.
Quelle importance revêt l'éducation dans la lutte contre le SIDA ?
Dans un rapport de personne à personne, l'éducation permet de contrer les idées reçues à l'origine de la discrimination et de la stigmatisation, et de créer ainsi de meilleurs environnements de vie, de travail et d'apprentissage pour les personnes vivant avec le VIH.
A l'échelle mondiale, les questions liées au VIH/SIDA varient selon les différentes régions du monde. Comprendre les nombreuses facettes de l'épidémie et de la réponse mondiale permet d'adopter un comportement plus empathique et de soutenir les personnes vivant avec le VIH. Cela permet en outre de dissiper les mythes ancestraux, comme par exemple le fait que le SIDA est un problème qui ne se rencontre qu'en Afrique.