L’Organisation internationale des employeurs (OIE) a bloqué une discussion sur les pires cas de violations des droits des travailleuses et des travailleurs lors de la conférence annuelle de l’Organisation internationale du Travail (OIT) qui se tient à Genève, en Suisse, du 30 mai au 15 juin.
Depuis 1926, les délégué(e)s à la conférence débattent des cas les plus graves repris dans le rapport annuel de la Commission d’experts de l’OIT, un comité de 17 éminents juristes indépendants internationaux. Cette année, l’OIE n’a accepté de discuter d’aucun cas.
Le Président du Comité régional de l’IE en Amérique latine, Hugo Yasky, a déclaré: «l’attitude du groupe des employeurs n’est pas surprenante. Elle est en ligne avec la tendance politique actuelle d’éradication des droits des travailleuses et des travailleurs afin de garder la richesse entre les mains du secteur financier et presser les plus pauvres au travers d’ajustements. Pour atteindre ce but, ils n’ont pas besoin de la structure tripartite de l’ILO; Ils préfèreraient plutôt éliminer celle-ci, afin d’avoir le champ libre. »
Yasky a ajouté: « Nous, en tant que travailleuses et travailleurs, soutenons l’indépendance et la légitimité du Comité des experts et du personnel du secrétariat de l’OIT. Les travailleuses et travailleurs soutiennent pleinement et croient en la structure tripartite de l’OIT et ont joint leurs forces pour garantir que cette dernière reste valide. »
L’année dernière, 29 syndicalistes ont été assassinés en Colombie, mais les employeurs/euses estiment que l’OIT ne doit pas en discuter, pas plus que de la terrible vague de violence à l’encontre des militant(e)s syndicaux au Guatemala ou au Swaziland.
Les Egyptien(ne)s mènent actuellement un combat pour obtenir leurs droits les plus fondamentaux au travail décent, mais les employeurs/euses semblent se ranger du côté des militaires et des fondamentalistes qui désirent réduire les travailleurs/euses au silence.
L’OIE a également refusé qu’une discussion se tienne sur le retrait des droits de négociation collective en Grèce et en Espagne, où des niveaux de revenus à la baisse aggravent la situation économique nationale, de même que sur d’autres cas inquiétants d’attaque des lois sur le travail décent.
Aux Fiji, les syndicats et leurs membres font l’objet de violations continues de leurs droits, y compris démissions, intimidation et violence exercée à l’encontre de dirigeant(e)s syndicaux/ales, de même qu’une ingérence grave dans les affaires syndicales.
Les organisations d’employeurs/euses jouent un jeu politique dangereux au sein de l’OIT alors même que certaines entreprises sont de plus en plus disposées à discuter ouvertement et franchement des droits du personnel.
L’OIT a été établie sur la base de la justice sociale et d’un engagement à respecter l’état de droit à l’égard des travailleuses et des travailleurs. Des juristes spécialisés dans le droit au travail parmi les plus réputés au monde ont présenté leurs conclusions aux délégué(e)s de la Conférence de l’OIT, mais l’OIE refuse qu’ils les examinent.
Les employeurs/euses ont détourné le processus sur base d’une conviction idéologique injustifiée selon laquelle le droit de grève, garanti par de nombreuses législations, constitutions nationales et instruments internationaux, présente une menace pour l’avidité des entreprises.
Déclarations en vidéo (en anglais):
Barmes Dlamini (Swaziland), Président du TUCOSWA, s’exprime depuis l’OIT